Le soleil apparaît un peu plus chaque jour, le printemps arrive. Il y a un chat qui vient souvent sous ma fenêtre. Il a dû sentir, comme moi, qu’il était temps de sortir. Il reste là, beau et sauvage, avec ses yeux gris-vert qui m’observent fixement. Je sais qu’il veut que je le voie, même il ne s’approche jamais trop près. Il m’accepte peu à peu, même si, encore aujourd’hui, je sais qu’il ne se sent pas complètement rassuré en ma présence. Il nous faudra du temps. Mais je serai patiente.
Au début, je croyais qu’il était simplement capricieux. J’ai bien essayé de le séduire, mais les jeux complices ne duraient jamais longtemps. Il semblait heureux pourtant dans ces moments-là, un rien nous suffisait. Il saisissait tout que je lui tendais, ou feignait de l’ignorer puis sautait dessus avec agilité. Il me surprenait et il en était ravi. Il aimait aussi jouer avec des bouts de bois que j’agitais sous son nez. Il les attrapait à chaque fois. Mais il y avait toujours ce moment où les jeux s’arrêtaient. Il s’écartait de moi, je semblais devenir un danger pour lui. Je voyais son regard paniquer, son corps se recroqueviller, puis il filait, sans raison, subitement. Je ne comprenais pas.
Ses incessants allers-retours, apparitions, disparitions, ont fini par m’irriter. Impatiente et agacée, alors que j’avais cru commencer à l’apprivoiser, j’ai décidé de ne plus faire attention à lui, de ne plus le regarder. Un jour, comme il restait là, à quelques mètres de moi, je me suis mise à lui crier dessus. Je me suis avancée et je l’ai provoqué. Il m’a regardée intensément, prêt à se battre, avec moi, moi qui le défiais. Il m’a griffée. Alors je l’ai chassé, avec rage, loin de ma fenêtre et de mon jardin. Je n’avais pas compris. Je le voyais au loin les jours suivants, mais il ne venait plus chez moi. Je l’avais déçu, je crois.
Un soir, après quelques temps, assise sur les marches du porche, je l’ai aperçu entrain dormir contre un arbre. Il était revenu. Pleine de remords, je voulais lui montrer que je l’aimais toujours et qu’il ne devait pas me craindre. Alors, lentement, je me suis levée et je suis allée m’asseoir près de lui. Nous sommes restés longtemps ainsi, côte à côte, immobiles. Puis, sans relever la tête, sans me regarder, il s’est tristement appuyé contre moi. J’ai posé ma main sur son corps fragile et je n’ai plus bougé. J’ai compris aujourd’hui, qu’il faut du temps à un être blessé pour pouvoir se laisser aimer à nouveau.
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