2 mars 2007

On dirait l’automne. Il fait frais, la nuit tombe. Les arbres dégagent une douce senteur de bois humide. Il reste encore un peu de neige, par-ci par-là, au bord des trottoirs et sur les terrains d’herbe. Un couple est assis sur un banc au bord du lac. Je les vois depuis ma fenêtre. Au bout d’un moment, la jeune femme se lève et fait quelques pas. Elle s’arrête et se retourne vers le jeune homme resté immobile. Elle se tient bien droite, debout face à lui, lui, qui garde la tête obstinément baissée vers le sol. Elle fait demi-tour et s’éloigne. Il se lève rapidement, saisit son bras et la ramène contre lui. Une pluie fine commence à tomber. Il lui parle doucement, il lui caresse les cheveux. Le vent commence à monter. Il embrasse son visage, respire sa peau, sa joue, son front, ses yeux. Elle se dégage soudain brusquement. Sa main effleure son manteau, mais il est trop tard. Elle marche, vite, loin, le corps raidi, les poings fermés. Elle ne se retourne pas. Nous avons compris, lui et moi. Sa silhouette s’efface dans la brume, tandis qu’il reste là, à la regarder disparaître. Les nuages sont bas ce soir. Je vois son souffle irrégulier s’échapper dans le froid. Il retourne lentement s’asseoir sur le banc. Il relève la tête une dernière fois, mais il n’y a plus que la pénombre pour l’entourer.

Le sol réfléchit mille petits fragments de lumière, des perles de pluie scintillent et tombent des branches nues des arbres morts. Il va faire froid cette nuit, l’eau a déjà commencé à se transformer en glace. Nous sommes toujours en hiver.

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