Le train file vers le Bronx, il fait chaud. Les bâtiments s’enchaînent, les fenêtres, les fils de linge qui pendent d’un toit à un autre. Tout est parfaitement symétrique, on dirait qu’une grille s’est abattue et a creusé jusqu’à dix mètres de profondeur pour former les immeubles et les rues.
La rame est pleine. Deux femmes entrent et se mettent à côté de moi. Je propose mon siège à l’une, qui m’envoie balader en marmonnant quelque chose que je ne comprends pas. Je n’insiste pas. Elles ont la peau épaisse, les cernes marquées, la chaleur peut-être, les mains sèches et des corps larges. Difficile de leur donner un âge. Les cheveux grisâtres, les yeux jaunis, ce cercle bleu argenté autour de l’iris qui ne vient qu’avec le temps…soixante, soixante-dix ? Elles portent des robes d’été, dans ce tissu qui donne l’impression de pouvoir servir à tout, avec des motifs en losange, carrés et autres inventions géométriques d’une époque démodée, le tout sur un fond uni, bleu pâle ou orange passé.
Elles parlent vite, fort, sans beaucoup articuler, dans un jargon qui a l’air de sidérer les autres voyageurs. Je devine à leur accent qu’elles viennent d’Amérique Latine, première génération d’immigrés sûrement. Elles parlent de ce petit de leur quartier qui s’est fait poignarder dans la nuque en la calle. Un brave garçon apparemment, mais le poor babyboy n’avait pas de bonnes fréquentations. Puis les rodéos de voitures qui les réveillent la nuit. Mais c’est bientôt l’été, les gamins s’ennuient, ça ne les étonne pas. La police est venue, mais ils n’ont attrapé personne. Les petits sont plus malins qu’eux. Elles rient toutes les deux, tandis que je remarque qu’il manque des dents à celle en face de moi. Elles parlent encore un moment, le nouveau salon de coiffure italien semble faire débat.
Au bout de quelques arrêts, l’une d’entre elles s’avance vers la porte, elle souffle, elle grogne, elle bouscule deux ou trois voyageurs pétrifiés sur sa route, sous le regard de son amie, goguenarde. Une fois sortie, non sans peine, elle se retourne et lui rappelle qu’elles se verront à l’église dimanche.
Les portes se referment et nous repartons, au grand soulagement de certains passagers, ceux qui viennent du Sud, de Manhattan. Ils sont facilement reconnaissables, ceux qui ne prennent ce train que parce qu’ils vont au zoo, le grand zoo du Bronx, ceux qui vont prendre l’air en famille, se promener en mangeant une glace et regarder les singes derrière les grillages. Ils pourront même prendre des photos.
Elles parlent vite, fort, sans beaucoup articuler, dans un jargon qui a l’air de sidérer les autres voyageurs. Je devine à leur accent qu’elles viennent d’Amérique Latine, première génération d’immigrés sûrement. Elles parlent de ce petit de leur quartier qui s’est fait poignarder dans la nuque en la calle. Un brave garçon apparemment, mais le poor babyboy n’avait pas de bonnes fréquentations. Puis les rodéos de voitures qui les réveillent la nuit. Mais c’est bientôt l’été, les gamins s’ennuient, ça ne les étonne pas. La police est venue, mais ils n’ont attrapé personne. Les petits sont plus malins qu’eux. Elles rient toutes les deux, tandis que je remarque qu’il manque des dents à celle en face de moi. Elles parlent encore un moment, le nouveau salon de coiffure italien semble faire débat.
Au bout de quelques arrêts, l’une d’entre elles s’avance vers la porte, elle souffle, elle grogne, elle bouscule deux ou trois voyageurs pétrifiés sur sa route, sous le regard de son amie, goguenarde. Une fois sortie, non sans peine, elle se retourne et lui rappelle qu’elles se verront à l’église dimanche.
Les portes se referment et nous repartons, au grand soulagement de certains passagers, ceux qui viennent du Sud, de Manhattan. Ils sont facilement reconnaissables, ceux qui ne prennent ce train que parce qu’ils vont au zoo, le grand zoo du Bronx, ceux qui vont prendre l’air en famille, se promener en mangeant une glace et regarder les singes derrière les grillages. Ils pourront même prendre des photos.
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