Nous dormions encore quand la tempête a commencé ce matin. Elle avait dû se préparer toute la nuit, laisser monter sa colère sourde, pour nous surprendre au réveil. Le vent est monté peu à peu, mais nous ne l’entendions pas. Notre sommeil était trop lourd. La pluie tombait, mais ce n’était rien que de la pluie, des gouttes de tous les jours, celles d’une journée grise, de la fatigue, d’une tristesse ou d’une angoisse. Et d’un coup les rafales se sont abattues. Sèches, violentes, puissantes, on ne pouvait pas leur échapper. Nos abris ne nous protégeaient plus de rien.
Les feuilles s’accrochaient désespérément, mais elles ont fini par toutes se faire emporter. Les éclats rouges des pétales de fleurs s’envolaient dans le tourbillon, arrachées elles aussi, elles retombaient éparpillées sur le sol comme des gouttes de sang. Les branches n’ont pas résisté, elles se sont toutes brisées, une à une.
Nous nous sommes cloîtrés, nous avons prié pour que cela s’arrête. Nous avons mis nos mains sur nos oreilles pour ne plus rien entendre, mais le vent a continué à hurler. Sa rage transperçait tout. Le ciel a gémit une dernière fois puis ce fut terminé. Plus de fracas, plus qu’une simple pluie qui tombait doucement. Les éclats morts sont restés longtemps sur le sol avant que nous n’osions sortir. Les rues sont encore inondées, la pluie tombe toujours en silence aujourd’hui.
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