12 août 2007

Ifraïm débarrasse les tables. Il n’est pas autorisé à parler aux clients.
Quand il est arrivé il parlait peu anglais, juste ce qu’il avait appris à l’école. Il a arrêté les cours après le lycée, puis est venu directement ici. Il possède deux chemises noires, deux pantalons et une paire de chaussures vernies. C’est suffisant pour travailler. Pour rentrer chez lui le soir, il appelle un ami qui est taxi et l’emmène gratuitement, il ne veut pas risquer un contrôle d’identité dans le métro. Il vit à Brooklyn.

C’est un joli garçon, avec des yeux noirs rieurs et des joues joufflues. On dirait un môme. Il a une démarche un peu maladroite, un peu comme un footballeur, la tête rentrée dans les épaules et les genoux fléchis. Ca lui donne un mine pataude quand il est fatigué, filou quand il est en forme. Un petit roublard. Il a passé la frontière à pied, avec deux amis, il y a deux ans. Il trouve qu’il n’a pas dû marcher si longtemps que ça, puis, après avoir dit cela, il éclate de rire.

Son fils de sept ans vit avec sa mère, au Mexique. Il ne l’a vu que deux fois en deux ans. Il lui manque beaucoup, mais il ne peut pas y retourner pour l’instant, il n’y a pas de travail pour lui là-bas. Il n’a aucun diplôme et il ne gagnerait pas suffisamment pour deux…ou trois, il doit s’occuper de la mère l’enfant aussi. Alors elle aide ses parents chez eux et se fait héberger en échange. Il espère pouvoir y retourner un jour, avant que son fils ne soit trop grand. Ou alors pouvoir l’accueillir ici, si il arrive à avoir des papiers. En attendant, il regarde la photo de son petit garçon tous les jours, celle sur son téléphone portable qu’il a prise lui-même il y a quelques mois.

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