Il est presque deux heures du matin. Les groupes se faufilent sur la 5ème avenue, près de la bibliothèque, souvent en tenues de soirée. Un homme traverse la rue au pas de course, un ballon en forme de cœur à la main. « Pour vous, princesse », me dit-il, tandis que mon ami américain sourit, légèrement embarrassé. Il doit avoir une bonne cinquantaine d’année. Jeans noirs, sac banane autour de la taille, un t-shirt « FDNY » un peu délavé sur les épaules, et une coupe de cheveux digne de celle des hommes politiques des années 80. Il nous arrête et commence à parler, un flot interminable, rapide, appris par cœur et sûrement répété depuis des années. Nous aimons la magie ? Il va nous montrer que le ballon en cœur mérite d’être agrémenté d’un caniche. Vingt secondes plus tard un ensemble de petits boudins de plastique noir rempli le ballon en cœur. Mieux, il va faire disparaître la cigarette que mon ami tient à la main. Il la prend, ferme ses deux mains dessus, tente d’attirer notre attention vers son regard, tandis que j’aperçois le petit rouleau de tabac entre ses doigts qu’il ramène rapidement dans son dos. Et elle ressortira par mon oreille gauche, comme par miracle. Je souris, mon ami sourit, le magicien sourit.
Il reprend son discours, la vie d’un magicien n’est pas une vie de compromis selon lui, oui, c’est vrai qu’il demande cher pour ses spectacles, mais seulement car certains numéros lui ont demandé plus de deux ans de préparation. En attendant, il nous propose un autre tour, en échange de dix dollars. Nous finissons par accepter, intrigués et attristés par cet homme seul au milieu de la nuit sur la 5ème. Carte déchirée, brûlée dans une enveloppe, qui réapparaît intacte dans un portefeuille. Il nous raconte qu’il n’avait pas fait ce tour depuis longtemps, il semble très content de lui. Il sourit encore et décide de me laisser sa carte, verte fluo, sur un papier cartonné qui a dû prendre la pluie, car on ne sait jamais, je pourrais peut-être avoir besoin de lui un jour.
Nous commençons à nous éloigner, après qu’il nous ait remercié mille fois, m’ait fait un clin d’œil complice, accompagné d’un geste silencieux vers la carte que je rangeais dans mes affaires, quand nous l’entendons proposer un cœur à une autre jolie princesse. La jeune femme en question, au milieu d’un groupe de trentenaires revenant d’une soirée, le regarde en souriant, gentiment mais un peu gênée, et passe vite son chemin. Il les accompagne sur quelques mètres, sort ses cartes de sa banane et commence à les battre. Mais ils continuent à marcher et ne l’écoutent pas. Il finit par s’arrêter, les ranger dans son sac, puis cache un nouveau ballon en forme de cœur dans son dos, à l’affût des prochains passants.
Il reprend son discours, la vie d’un magicien n’est pas une vie de compromis selon lui, oui, c’est vrai qu’il demande cher pour ses spectacles, mais seulement car certains numéros lui ont demandé plus de deux ans de préparation. En attendant, il nous propose un autre tour, en échange de dix dollars. Nous finissons par accepter, intrigués et attristés par cet homme seul au milieu de la nuit sur la 5ème. Carte déchirée, brûlée dans une enveloppe, qui réapparaît intacte dans un portefeuille. Il nous raconte qu’il n’avait pas fait ce tour depuis longtemps, il semble très content de lui. Il sourit encore et décide de me laisser sa carte, verte fluo, sur un papier cartonné qui a dû prendre la pluie, car on ne sait jamais, je pourrais peut-être avoir besoin de lui un jour.
Nous commençons à nous éloigner, après qu’il nous ait remercié mille fois, m’ait fait un clin d’œil complice, accompagné d’un geste silencieux vers la carte que je rangeais dans mes affaires, quand nous l’entendons proposer un cœur à une autre jolie princesse. La jeune femme en question, au milieu d’un groupe de trentenaires revenant d’une soirée, le regarde en souriant, gentiment mais un peu gênée, et passe vite son chemin. Il les accompagne sur quelques mètres, sort ses cartes de sa banane et commence à les battre. Mais ils continuent à marcher et ne l’écoutent pas. Il finit par s’arrêter, les ranger dans son sac, puis cache un nouveau ballon en forme de cœur dans son dos, à l’affût des prochains passants.
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