Ses mains sont recourbées, vieillies. Elle ne fait que des gestes lents. La canne posée contre la banquette à côté de sa table, elle regarde les passants dans la rue. Elle prend sa tasse de thé et l’amène lentement à ses lèvres, tandis que je me demande intérieurement où se trouve la part de douleur dans l’élégance de ses gestes. Le serveur pose du sucre sur sa table et s’éloigne rapidement. Elle murmure un « merci », alors qu’il est déjà parti vers d’autres clients, et se tourne à nouveau vers la fenêtre. New York est une ville rapide, sans repos, qu’elle observe de son regard immobile et silencieux.
Elle sourit en voyant un jeune couple marcher amoureusement dans la rue. Ses yeux se perdent, suivant vaguement les deux silhouettes qui se tiennent par la main. Elle remue son thé qui fume encore, d’un air absent, tandis que son sourire s’affaisse doucement. Le serveur repasse, mais cette fois elle ne le remarque même pas. Elle pose son regard sur sa canne, interdite, comme s’il s’agissait de la chose la plus absurde qu’elle ait jamais vue, puis hausse légèrement les sourcils, d’un air résigné et triste.
Elle rassemble ses affaires puis se lève lentement, très lentement, elle s’appuie sur le coin la table pour se redresser, elle essaye de se tenir bien droite. Son regard tombe sur moi. Elle comprend, je pense, que je l’observais depuis un moment déjà et me salue de la tête. Elle me dit « J’ai toujours vécu ici. Peut-être nous recroiserons-nous un jour » et me sourit. Je vois sa main qui s’appuie fortement sur le pommeau en bois, je vois ses jambes fragiles, je vois son dos qu’elle veut maintenir droit, je vois sa tête bien haute. Quelques instants plus tard, elle passe devant la vitrine du café, avec une allure que je n’aurais pas soupçonnée et je me demande combien de temps un sourire peut parvenir à cacher les choses.
Elle sourit en voyant un jeune couple marcher amoureusement dans la rue. Ses yeux se perdent, suivant vaguement les deux silhouettes qui se tiennent par la main. Elle remue son thé qui fume encore, d’un air absent, tandis que son sourire s’affaisse doucement. Le serveur repasse, mais cette fois elle ne le remarque même pas. Elle pose son regard sur sa canne, interdite, comme s’il s’agissait de la chose la plus absurde qu’elle ait jamais vue, puis hausse légèrement les sourcils, d’un air résigné et triste.
Elle rassemble ses affaires puis se lève lentement, très lentement, elle s’appuie sur le coin la table pour se redresser, elle essaye de se tenir bien droite. Son regard tombe sur moi. Elle comprend, je pense, que je l’observais depuis un moment déjà et me salue de la tête. Elle me dit « J’ai toujours vécu ici. Peut-être nous recroiserons-nous un jour » et me sourit. Je vois sa main qui s’appuie fortement sur le pommeau en bois, je vois ses jambes fragiles, je vois son dos qu’elle veut maintenir droit, je vois sa tête bien haute. Quelques instants plus tard, elle passe devant la vitrine du café, avec une allure que je n’aurais pas soupçonnée et je me demande combien de temps un sourire peut parvenir à cacher les choses.